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Environnement des premières émissions de télévision mécanique


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Reconstitution du studio des PTT rue de Grenelle à Paris (1935).
On distingue la caméra mécanique (à droite) et les manches à air pour le refroidissement.

(Copyright Musée de Radio France. Photo Roger PICARD).


René BARTHELEMY utilisa deux techniques de prise de vue durant ses essais. La première, baptisée 'flying spot' par les anglais, fut la plus utilisée pour les premiers essais à 30 lignes entre 1928 et 1932. Elle consistait à balayer le sujet plongé dans l'obscurité totale, d'un pinceau de lumière intense. La lumière ainsi réfléchie, était transmise aux cellules photo-électriques placées de part et d'autre devant le sujet.


Pour obtenir le pinceau de lumière, on plaçait une lampe à arc dont la lumière était dirigée soit sur le tambour à miroir, soit sur le disque de Nipkow analyseur, selon le type de caméra utilisée. La lumière passant successivement par chaque trous du disque, ou réfléchie par chacun des miroirs du tambour, éclairait le visage du sujet.

Compte-tenu de la faible sensibilité des cellules photo-électriques, cette technique était la plus performante à ce moment d'évolution de la technologie. Elle présentait toutefois un énorme inconvénient: il n'était guère possible de téléviser autre chose qu'un sujet dans un cadre réduit, le plus généralement le visage et le haut du buste d'une personne !

La deuxième technique utilisait une caméra à disque de Nipkow pour la
prise de vue en lumière diffuse.

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Cette fois, la scène ou le personnage a téléviser était entièrement (et violemment) éclairé et l'unique cellule photo-électrique placée derrière le disque, recevait les impulsions de lumière passant à travers les trous du disque.


Cette technique nécessitait une très grande quantité de lumière: 15.000 lux pour le 60 lignes, à cause du faible rendement des cellules photo-électriques de l'époque et les pertes considérables de lumière dûes au disque de Nipkow. En conséquence et pour éviter de mettre en péril la santé des acteurs/présentateurs, le studio devait être équipé d'un système de refroidissement efficace!.

Il est à noter que malgré cela, la température ambiante du studio atteignait fréquemment les 45° centigrades lors des premiers essais!



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Scéance de prise de vue au studio des PTT en 1935.


Avec la mise au point des premiers tubes photomultiplicateurs au gain élevé en 1936, on put remplacer les cellules photo-électriques peu performantes et augmenter considérablement la sensibilité des caméra mécaniques. Le tube photomultiplicateur vint à la rescousse du 180 lignes, qui exigea à ses débuts une quantité de lumière phénoménale (48.000 watts!)

En raison de la faible sensibilité des cellules photoélectriques des caméras, il fallut également étudier un maquillage spécial afin de rehausser les traits des acteurs : contour des yeux noir, fond de teint blanc et ocre, lèvres noires etc. à l'instar des acteurs des débuts du cinéma.

Au cours des toutes premières expériences de télévision, la caméra et le sujet ne pouvaient se déplacer. Lors des premières émissions officielles des PTT, les caméras 60 lignes, puis 180 lignes, furent placées derrière une vitre afin que le bruit du moteur entraînant le disque ne soit transmis. Avec la prise de vue en lumière diffuse, les scènes se composaient d'une, puis deux à trois personnes se déplaçant dans le champ étroit de la caméra.

Conditions de réception des premières émissions de télévision en 30 lignes

Les premières images télévisées étaient de très basse définition: 24 à 60 lignes (comparez avec le nombre de lignes actuelles (625).


Ces images, malgré le manque de détails qui les caractérisaient (ce qui n'était pas uniquement lié à la faible définition, mais aussi au rendement des systèmes d'amplification électroniques), enchantaient les premiers téléspectateurs ,émerveillés par cette image petite (quelques centimètres), rougoyante, instable et tremblotante.


Pour voir et entendre une émission de télévision à cette époque (1930), il fallait généralement deux postes de radio en plus du 'téléviseur' proprement dit, lequel consistait en un bâti comprenant le disque de Nipkow et son moteur d'entraînement avec divers réglages de cadrage de l'image et de vitesse du moteur, enfin la lampe néon et son support.

Sur les appareils 'perfectionnés', comme la version du constructeur allemand
TEKADE vers 1932, on pouvait visionner soit le standard anglais Baird (image balayée dans le sens vertical) ou français système Barthélemy.(Image balayée dans le sens horizontal). Le changement de standard se faisait en actionnant un levier qui basculait la lampe néon sur l'une ou l'autre des spirales du disque. Il y avait donc, deux fenêtres de vision et l'on regardait l'une ou l'autre selon que l'on captait Londres ou Paris.

L'un des postes de radio servait à capter le son de l'émission de télévision et était généralement utilisé par la radiodiffusion ordinaire en dehors des émissions expérimentales. Le deuxième récepteur était également utilisé pour la radiodiffusion en temps normal, puis aux heures voulues, une voix annonçait que les émissions de 'Radiovision' allaient commencer.


On donnait alors des instructions pour le réglage du 'téléviseur' et la mise en marche du moteur.


Puis la voix de l'annonceur était remplacée par un bruit ressemblant au "vrombrissement d'un gros bourdon" (sic!), caractéristique du bruit de l'image en 30 lignes. On savait alors, que les émissions de radiovision étaient commencées. Il était donc temps de connecter la lampe néon du 'téléviseur' à la place du haut parleur du poste. Venait ensuite le réglage acrobatique de l'image, qui, dans le meilleur des cas se déplaçait continuellement de droite à gauche.


Après plusieurs tentatives, les plus adroits arrivaient à domestiquer l'appareil et pouvaient enfin voir les images orangées, tremblotantes et floues du 30 lignes se stabiliser (a peu près!) devant leur yeux émerveillés.

A part les bustes des acteurs que pouvaient voir d'autre les premiers téléspectateurs?


Le laboratoire de Télévision de la Compagnie des Compteurs de Montrouge, avec à sa tête René Barthélemy, mis au point assez rapidement un télécinéma.


Il fut donc possible de visionner des films avec les téléviseurs mécaniques du début des années 30.


A l'émission, le télécinéma était une machine de dimensions imposantes qui était équipée d'un disque explorateur spécial munis de trous sur une circonférence et 'découpant' les images du film se déroulant en continu devant une fente étroite.

Au sujet de la couverture de ces émissions expérimentales, il faut remarquer que grâce aux longueurs d'ondes utilisés à l'époque pour transmettre les images, il était souvent possible de recevoir en France les émissions de la BBC de Londres. En outre, les émissions expérimentales de la Tour Eiffel, étaient reçues en province et jusque dans le midi.

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